mai 2006
Le touriste débarque avec son sourire
et sa gentillesse. Il est content de voyager. Il regarde le pauvre
qui lui aussi l'observe. Alors le touriste donne un peu d'argent,
quelques bonbons aux enfants, des stylos pour l'école. Et
il repart, satisfait de son beau voyage, conscient que même
s'il a donné un peu, il n'a pas pu changer le monde.
Lorsqu'on voyage, on est de toutes façons
confronté à la pauvreté. Même si
on a pris le temps d'y réfléchir avant de partir,
elle nous bouscule, elle nous pousse dans nos retranchements,
elle nous oblige à la regarder.
L'attitude que l'on peut avoir alors ne peut se résumer à
l'application de bons conseils glanés à droite ou
à gauche. Il faut un peu d'humilité: nous agissons
parfois bien, parfois mal car tout dépend de notre humeur
du moment, de notre perception de l'environnement, de notre fatigue,
...
Nous n'avons jamais donné de bonbons aux enfants,
cela nous semble une aberration dans les pays où le système
de santé est réduit au minimum
Nous n'avons pas offert de crayons, mais toujours nous avons
donné à boire et à manger à ceux
qui nous le demandaient.
Nous avons pris des gens en stop mais parfois aussi nous
n'avons pas eu envie.
Nous avons donné de l'argent aux mendiants mais parfois
nous nous sentions trop agressés pour le faire. Nous étions
souvent tendus quand des pauvres s'accrochaient à nos vêtements
pour avoir une pièce. Parfois, nous avons sûrement
donné trop et d'autres fois pas assez.
Nous avons eu parfois le coeur à l'envers et à
d'autres moments, nous nous sommes enfermés dans notre richesse.
Comme la plupart des touristes, nous n'avons pas toujours bien
agi.
Mais qu'est-ce que bien agir?
Là où vient le touriste vient aussi le pauvre.
Et ce n'est pas toujours une rencontre positive. Le touriste
qui donne entraîne une modification des comportements.
Le pauvre se met à réclamer ou à mendier,
c'est tellement plus facile que de travailler durement pour pas
grand chose.
Alors, avons-nous bien agi, vraiment?
Nous ne savons pas, nous n'avons pas la réponse.
Nous avons fait avec notre sensibilité, simplement.
Il y a sûrement eu du bien, il y a sûrement eu
du moins bien.
Mais l'important peut-être est d' avoir toujours essayé
( à défaut de toujours réussir) de traiter
les gens avec respect et de garder dans nos souvenirs tous
ces regards que nous avons croisés.
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